Un magazine à la main, Elizabeth feuilletait sans porter de réel intérêt au contenu des articles. Survolant les pages, elle ne lisait même pas. Son pied tapait nerveusement contre le sol. La demoiselle n'avait pas dans ses habitudes de douter de ses compétences mais là, elle voulait à tout prix réussir. L'échec, elle ne connaissait pas ça. Mais pour la première fois de sa vie rien n'était gagné d'avance.
La jeune femme leva les yeux et jeta un coup d'oeil autour d'elle. La jeune femme était assise sur une vulgaire chaise en plastique dans une salle d'attente. D'autres personnes étaient présentes. Tous attendaient pour la même chose. Lizzie se perdit un instant à scruter les autres candidats. Il y avait une jeune femme rousse, qui paraissait plus vieille qu'elle. Par Merlin, elle ne connaissait pas le fond de teint celle-là ! Il y avait une homme, 27 ans à tout casser. Il paraissait très sûr de lui et était plutôt sexy. Ce dernier leva les yeux vers la sorcière et croisa son regard. Elizabeth ne put s'empêcher de lui adresser un sourire dragueur, limite coquin. Si elle n'était pas prise, elle pourrait toujours en faire son quatre heure.
Alors qu'elle continuait à observer les autres personnes présente, une porte s'ouvrit brusquement. L'attention de la jeune femme se porta alors sur la personne qui venait de faire irruption. Il s'agissait d'un homme, environ la quarantaine, il avait de ces airs qu'ont les personnes importantes, celles qui pensent que l'avenir du monde repose sur leurs épaules. L'homme sortit une feuille de sa poche et la scruta des ses yeux chocolat...
❝ Mademoiselle Elizabeth Gray. ❞
Elizabeth se leva et suivit l'homme sans un regard de plus pour les autres candidats. La tête haute, fière, sûre d'elle, Lizzie quitta la pièce.
L'homme l'emmena dans un bureau et l'invita à s'asseoir dans un élégant fauteuil, l'homme vint se placer derrière le bureau, dans son propre fauteuil.
Là, un sourire mutin se dessina sur les lèvres de la demoiselle. Lorsqu'elle était entrée dans le bureau de l'homme, elle avait été prise d'un très léger tremblement et avait, l'espace de trois secondes, fermé les yeux. Elle s'était vue, elle, elle s'était vue dans ce bureau même. Une vision qui lui donnait un grand sourire. Elle s'était vue débarquer dans cette pièce, un dossier à la main, signe qu'elle travaillait ici, signe qu'elle avait été prise. C'était donc, plutôt confiante que la demoiselle s'installait sur le fauteuil.
Elle écouta l'homme expliquer ce qu'il attendait de la personne qu'il engagerait, il lui fit mention du fait qu'elle lui avait été vivement recommandé par un des amis de la belle qui travaillait déjà ici mais qu'il voulait tout de même se faire une idée.
Tout en l'écoutant, Lizzie fit discrètement frotter nonchalamment sa main sur le bureau de l'homme, afin de provoquer ce qu'elle espérait, une nouvelle vision. Et ce fut le cas, un tremblement qui échappa à l'homme la saisit de nouveau. Là, elle entendit le son de sa voix.
❝ Monsieur, voici le plus gros scoop de l'année que je vous avais promis, personne d'autre que vous et moi sommes au courant de ceci. La nouvelle épouse du Prince de Galles est une sorcière. J'ai tout ce qui est nécessaire pour le prouver. Elle vient d'une famille de sorciers, parfaitement intégrés à la vie des moldus. Une sorcière dans la famille royale...
- Mademoiselle Gray, vous m'épatez. ❞
Le sourire de Lizzie s'élargit. Comme cela pouvait être utile d'avoir pareil don. Elle laissa son interlocuteur finir. En elle, la satisfaction de savoir qu'elle avait tout pour être prise était immense. Ce job était pour elle, maintenant, il fallait le faire comprendre à son futur patron sans paraître prétentieuse.
❝ Ce travail est fait pour moi comme je suis faite pour ce travail. Voyez vous, je suis quelqu'un d'extrêmement perspicace. Je peux même parfois cerner un mensonge avant même qu'on me l'ai dit. Je ne détient pas les vérités, mais fait tout pour les obtenir. ❞
La demoiselle se tut un instant. Son interlocuteur la fixait d'un oeil intrigué. Lizzie ne voulait pas lui dire pour son don exceptionnel. Elle ne voulait pas qu'il sache car elle ne voulait pas que les autres se mettent en tête de l'exploiter à leur bon gré. Si un employeur savait, il pourrait s'imaginer utiliser la demoiselle pour son propre chef. Hors de question d'en être réduite qu'à sa simple faculté.
La demoiselle prit un regard charmeur, s'assurant qu'elle avait toute l'attention de son futur employeur.
❝ Si vous me le permettez Monsieur, je souhaite vous faire une promesse... Le scoop de l'année, je vous l'apporte sur un plateau d'argent et vous serez le premier à le publier.❞
L'homme haussa un sourcils, hésitant. La franchise de la demoiselle le perturbait, est-ce qu'elle bluffait ?
❝ Vous ne serez pas déçu. D'ici la fin de l'été, vous vendrez votre magazine comme vous ne l'avez jamais vendu.
- Et si vous vous trompez ?
- Virez moi. ❞
L'homme sourit. Il n'en dit pas plus à la demoiselle pour ce jour ci. Mais, après une nuit de sommeil, il envoya un hibou à la jeune femme, lui offrant le poste tant convoité.
La vision de la jeune femme se réalisa quelques temps plus tard, faisant du magazine le plus vendu grâce à ce scoop. Personne ne l'avait vu venir, personne sauf Elizabeth. Très peu de personnes étaient au courant du don de la demoiselle, c'était sa carte cachée dans sa manche, sa botte secrète, son atout. Personne ne s'y attendait, et c'est ce qui lui a toujours permis de se trouver au bon moment au bon endroit. Enfin, ce n'est pas toujours comme ça. L'aspect aléatoire de ce don, Elizabeth en a bien conscience. Tout ne se réalise pas, il faut savoir distinguer le passé du présent et ce n'est pas toujours évident. Généralement, Elizabeth prends ses visions avec beaucoup de recul, ne voulait pas faire d'erreur. Mais parfois, elle prend le risque, parce qu'elle aime ça Elizabeth, provoquer sa chance.